Quand la communication devient un nœud dans nos relations
Pense à la dernière conversation qui s’est transformée en dispute ou malentendu. Maintenant, imagine que cette conversation s’est terminée d’une manière aimante. Qu’est-ce qu’il aurait fallu changer pour surmonter le malentendu ?
Les malentendus sont comme des nœuds dans la rivière de nos relations, ils bloquent le flux naturel de connexion et peuvent, avec le temps, éroder même les liens les plus solides. Pourtant, ils ne sont pas une fatalité. Un malentendu peut soit tout gâcher, soit nous faire grandir et transformer, voire solidifier une relation.
Je me souviens de mon troisième rendez-vous avec cet homme dont je commençais à tomber amoureuse, où nous nous sommes pris la tête parce que nous n’entendions pas la même chose avec le mot « dévitalisé ». Ce qui aurait pu être la fin de notre histoire est devenu le début d’une communication plus profonde.
Dans cet article, je t’invite à explorer les mécanismes profonds qui créent les malentendus récurrents et à découvrir 5 techniques concrètes pour les prévenir et les désamorcer. Mon objectif ? T’aider à transformer ton rapport aux malentendus pour en faire des opportunités d’approfondissement relationnel.
L’anatomie d’un malentendu : comprendre comment se forme le quiproquo relationnel
Le triangle du malentendu
Tout malentendu s’articule autour d’un triangle : émetteur, message, récepteur. Entre ces trois éléments peut s’immiscer du « bruit » : ces interférences qui créent un écart entre l’intention et l’impact. C’est ce qui donne le fameux « Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire » versus « C’est pourtant ce que j’ai entendu« .
Les biais cognitifs : ces filtres invisibles qui déforment notre perception
Il existe une dimension scientifique fascinante aux malentendus : nos biais cognitifs. Ces phénomènes psychologiques influencent notre interprétation de la réalité tous les jours sans que nous nous en rendions compte. Deux biais impactent particulièrement nos relations :
Le biais de confirmation : Notre tendance à favoriser et interpréter les informations de manière à confirmer nos croyances préexistantes. Nous entendons ce qui confirme nos croyances, tout en minimisant ou en ignorant les preuves contradictoires.
Le biais d’attribution : Notre tendance à attribuer le comportement des autres à leur personnalité plutôt qu’à la situation dans laquelle ils se trouvent, en surestimant le rôle des traits de caractère et des intentions personnelles.
Comme le disait Anaïs Nin : « Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont, nous les voyons telles que nous sommes.«
Notre cerveau est une machine à créer du sens, parfois là où il n’y en a pas. D’où l’importance de pouvoir regarder dans nos angles morts et d’être conscient de nos blessures et traumas.
Les filtres perceptifs qui colorent notre communication
Nos expériences passées, nos valeurs et nos croyances agissent comme des filtres perceptifs. Nous écoutons à travers le prisme de nos expériences personnelles. Ce qui est évident pour moi peut être étranger pour toi, et nous l’oublions souvent.
Je pense à ma cliente et son plombier : ils n’avaient pas les mêmes valeurs ni les mêmes croyances concernant les sujets appropriés à aborder avec une femme seule chez elle. L’un attendait des excuses alors que pour l’autre, ce n’était malheureusement pas évident pourquoi c’était nécessaire.
Les déclencheurs émotionnels invisibles
Nos « boutons sensibles » peuvent être activés sans que l’autre en soit conscient. Par exemple, quand quelqu’un dit « la colonisation a eu des bonnes choses aussi », je peux être sensible parce que je viens d’un pays colonisé et je porte dans mon ADN, et ma mémoire cellulaire, des traces de ces dégâts.
Entre ce qui est dit et ce qui est compris, il y a tout un monde intérieur qui s’active. Le dialogue interne s’enclenche : « Quand mon collègue a dit cela, j’ai immédiatement pensé qu’il remettait en question ma compétence. »
Les schémas récurrents de malentendus dans nos relations
Les malentendus de fond : quand nous ne partageons pas le même cadre de référence
Les non-dits culturels et familiaux créent des attentes invisibles. Le « ça va de soi » qui ne va pas de soi devient source de confusion. Edward T. Hall, anthropologue spécialiste de l’interculturel, expliquait : « La culture cache plus qu’elle ne révèle, et étrangement, ce qu’elle cache, elle le cache le plus efficacement à ses propres participants.«
Nous ne sommes souvent pas conscients des croyances ou perspectives qui nous viennent de notre culture.
Les malentendus de forme : quand la manière de communiquer crée la confusion
Les styles de communication différents (direct versus indirect, explicite versus implicite) génèrent des incompréhensions. Le décalage entre le verbal et le non-verbal complique encore les choses : ton corps raconte parfois une histoire que tes mots contredisent.
Tu connais sûrement le fameux « ce n’est pas ce que tu dis mais comment tu le dis« . Une professeure m’a dit une fois : « quand tu le dis comme ça, on n’a pas envie de t’aider. »
Les 3 terrains fertiles aux malentendus
- Les périodes de stress et de fatigue : Notre capacité d’interprétation juste diminue quand nous sommes épuisés. Conseil pratique : évite de sortir un sujet délicat juste au moment de te coucher !
- Les sujets chargés émotionnellement : argent, intimité, pouvoir, reconnaissance… Ces thèmes activent nos zones sensibles.
- Les contextes de transition et de changement : divorces, séparations, démissions, déménagements, retours de retraite… Quand les règles relationnelles sont en mutation, les malentendus prolifèrent.
5 techniques pour prévenir et désamorcer les malentendus
1. La pratique du « contrôle de réception » ou validation
L’art de la reformulation empathique : Utilise régulièrement « Si je comprends bien… » pour vérifier ta compréhension.
La technique du reflet intentionnel : Renvoie non seulement les mots mais l’émotion perçue. Par exemple : « Je vois que ça t’a fait ressentir de la tristesse, est-ce que c’est ça ?«
Vérifier que nous parlons de la même chose est un acte d’humilité et d’intelligence relationnelle.
2. La méta-communication : parler de comment on se parle
Crée un espace pour nommer les dynamiques en cours : « J’ai l’impression que nous tournons en rond.«
Établis des accords de communication préventifs pour les conversations importantes. Avant une réunion difficile, prends 5 minutes pour définir comment vous allez communiquer : chacun exprime son point de vue sans être interrompu, puis l’autre reformule ce qu’il a compris.
3. L’approche CLEAR pour désamorcer un malentendu déjà installé
Clarifier l’impact ressenti : « Quand tu as dit X, j’ai ressenti Y«
Libérer l’intention réelle : « Peux-tu me partager ce que tu voulais vraiment exprimer ? » ou « Peux-tu me dire ce que tu attends de moi suite à ce partage ?«
Établir le malentendu : « Je comprends maintenant que tu voulais dire XXX alors que j’avais compris XXX«
Ajuster la communication : « Comment pourrions-nous mieux nous exprimer à l’avenir ? » ou « Qu’est-ce que tu veux que je fasse à l’avenir si la situation se reproduit ?«
Renouveler la connexion et Remercier : « Je me sens soulagé(e) que nous ayons clarifié ce point » et n’oublie pas de remercier pour le temps et l’effort.
4. La conscience des états émotionnels
Identifie si tu es dans un état propice à une communication claire. Connecte-toi à tes sensations physiques : y a-t-il des crispations ? Observe également ton attitude intérieure.
Si tu remarques que ce n’est pas le meilleur moment, propose un rendez-vous ! La technique du « time-out relationnel » peut être un geste des mains qui forment un T ou tout simplement dire : « J’ai besoin de prendre un moment pour me recentrer. »
Fais alors un scan corporel, un recentrage ou de la cohérence cardiaque avant de reprendre la discussion.
5. Le langage « responsable » qui prévient les malentendus
Remplace tout ce qui commence par « Tu… » (comme « tu m’énerves« ) par « Je » (« je me sens« , « je suis« ). Parle TOUJOURS de toi et à partir de toi.
Utilise des formulations qui laissent place à l’interprétation : « J’ai l’impression que… » plutôt que « Tu es… »
Évite les « toujours » et les « jamais« .
Exemple concret : Au lieu de « Tu me dis toujours la même chose et tu ne fais jamais rien« , dis plutôt « J’ai l’impression de t’avoir déjà entendu dire quelque chose de similaire mais à l’instant je n’arrive pas à voir les actions qui vont dans ce sens. Peux-tu m’aider à rafraîchir ma mémoire ?«
⚠️ Attention : Utilise ces techniques uniquement avec des personnes avec qui tu n’entretiens pas de relations toxiques. Dans ces situations, ce sont d’autres techniques dont tu as besoin.
Transformer les malentendus en ponts relationnels
Souvent, nous avons peur du conflit tout simplement parce qu’on ne nous a pas appris à le naviguer en conscience et intelligemment. J’espère que tu seras mieux outillé(e) après cette lecture.
Les malentendus ne sont pas des échecs de communication mais des invitations à approfondir notre compréhension mutuelle. Comme le disait Antoine de Saint-Exupéry : « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis.«
En transformant nos malentendus en opportunités de clarté, nous libérons un espace où le vivant peut s’exprimer pleinement entre nous.
Pour aller plus loin
- Quelle conversation récente pourrait être revisitée avec ces outils ?
- As-tu un exemple où un malentendu t’a finalement rapproché de l’autre ?
Je t’invite à partager en commentaire tes expériences ou tes questions.
- Écoute l’intégralité de l’épisode
- Participe au challenge « 10 jours pour revenir à toi » et fais un inventaire de tes besoins
- Réserve une séance découverte pour explorer tes schémas de communication
- Partage tes questions en commentaires ! Je serai ravie de te lire.

